Chronologie et résumé des principaux événements
mi-juillet 1870
Après la déclaration de le guerre, le général DOUTRELAINE ordonne vers la mi-juillet de construire des ouvrages plus conséquents sur la base de terrassements déjà existants sur la colline des Perches et à Bellevue (1).
Se reporter à la fin de la page précédente pour la construction du fort des Basses Perches ainsi que la situation par rapport aux six forts de la ceinture fortifiée autour du château.
29 octobre 1870
Le général prussien, Udo VON TRESCKOW reçoit, après le siège de Strasbourg, par dépêche du général prussien Helmut VON MOLTKE l’ordre d’investir la place de Belfort le plus tôt possible.
3 novembre 1870
Le général prussien August VON WERDER et son adjoint le général Udo VON TRESCKOW investissent les pourtours de la ville.
A partir de cette date la place ne peut plus compter que sur ses propres ressources. La garnison est alors composée de 17 322 hommes et 370 officiers. Les forts des Hautes et Basses Perches sont en état de défense et chacun d’eux avait reçu 7 canons de 12 cm. Le fort de Bellevue est occupé mais n’a pas encore reçu son armement. Ils sont en communication avec le Château au moyen de lignes téléphoniques. Plus tard le fort des Basses Perches recevra un canon de 15 cm pour pouvoir agir avec plus d’efficacité contre les villages éloignés et surtout contre Sevenans.
Des tentatives sont faites afin d’incendier les bois environnants et surtout celui du Bosmont qui est dangereux pour la place.
11 novembre 1870
Neuf-Brisach capitule.
Après cette capitulation, le chef d’état-major VON MOLTKE donne l’ordre d’entreprendre le siège de Belfort.
20 novembre 1870
Le général VON MERTENS fait la reconnaissance des fronts sud et sud-est de la place et spécialement des nouveaux ouvrages construites sur les Perches. En effet, les Prussiens n’avaient en leur possession que l’ordre de construction des forts trouvé aux archives de Strasbourg.
les ouvrages se détachent bien au-dessus de l’horizon et paraissent avoir des revêtements en maçonnerie. Comme ils ont constaté que ces ouvrages sont armés de canons de gros calibres ils ont conclu qu’ils sont achevés et à l’abri d’un coup de main. Il faut donc, en conservant le château comme point d’attaque, faire le siège de ces forts.
22-28 novembre 1870
Un projet d’attaque des forts est établi. des combats ont lieu aux environs du Mont du 22 au 24 novembre.
La prise de Bavilliers intervient le 28 novembre.
Après le renforcement du corps d’investissement, 16 000 hommes, 1 100 chevaux et 30 bouches à feu, le général VON TRESCKOW juge que le moment est venu d’abandonner la défense et de passer à une offensive sérieuse. La situation des ouvrages permanents de la place est suffisamment connue, grâce aux plans et documents trouvés aux archives à Strasbourg.
La seule possibilité est donc l’attaque du Château au sud, la prise de celui-ci entraînant immédiatement la possession de la ville.
13 décembre 1870
Prise de la forêt du Bosmont, du village d’Andelnans et du Grand Bois.
17 décembre 1870
Au quartier général français arrive une députation suisse munie d’une lettre du Président de la Confédération. Elle demande l’évacuation de Belfort des vieillards, des femmes et des enfants. Les conditions imposées par le colonel Denfert-Rochereau (6) sont remises à la délégation suisse qui les transmet au général VON TRESCKOW. Ce dernier les refuse, ainsi la population de Belfort voit ses espoirs s’envoler.
Les conditions imposées par le colonel ne sont pas approuvées par le conseil municipal de Belfort !
La figure qui suit représente les travaux du siège ainsi que les positions des canons. Les travaux dessinés en bleu sont ceux de l’armée prussienne, les travaux en rouge ceux de l’armée française.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
22-23 décembre
Les Prussiens construisent des baraques dans la forêt du Bosmont aux points de départ des tranchées vers les Perches. Voir les figure précédentes et suivantes.
Le matériel du dépôt de Tretudans est transféré à Moval. Des outils (6 000 pelles, 4 000 pioches,…) sont envoyés de Strasbourg vers le nouveau dépôt de Moval.
25 décembre 1870
Deux batteries de quatre canons sont installées sont installées dans la forêt du Bosmont par les attaquants. Leur objectif : bombarder le fort de Justice et le fort des Hautes Perches.
Le général VON MERTENS informe le général VON TRESCKOW qu’il a l’intime conviction qu’il n’y que l’attaque du château par les forts des Perches qui peut amener la reddition de Belfort. Mais avant l’attaque des deux forts, il reste encore deux obstacles importants : les garnisons françaises de Danjoutin et de Pérouse.
7 janvier 1871
Ouverture de 3 batteries de 4 canons et une batterie de 3 mortiers à la lisière de la forêt du Bosmont avec bombardement des deux forts des Perches.
Le 7 janvier, 54 canons tirent contre la place.
Afin de pouvoir construire la première parallèle (tranchée) (2) prévue pour l’assaut des forts des forts des Perches, il faut que l’armée prussienne s’empare d’abord de Danjoutin.
Des officiers du génie ont fait quelques jour auparavant une reconnaissance du village, les travaux de défense sont donc connus. En se basant sur ces reconnaissances, le général VON MERTENS donne l’ordre d’attaquer le village.
Les canons français du fort des basses Perches sont prêts pour défendre le village. La garnison de Pérouse est également préparée pour attaquer les prussiens le long du chemin de fer.
Le bombardement violent du 7 janvier a modifié la sûreté et a diminué la surveillance. Le capitaine prussien VON MANSTEIN fixe le rassemblement des troupes à 23h30 et l’attaque à 00h15 espérant qu’à cette heure les troupes seront rentrées dans leurs quartiers.
Les troupes de Belfort font une tentative de secours et le combat continue jusqu’à 5h00 du matin. A cette heure les prussiens sont en possession du village. La garnison se rend à 10h30 du matin.
Le nombre de tués(civils et militaires) et prisonniers est considérable.
Du coté français 18 officiers et 711 hommes sont emmenés en captivité. Un officier et 15 hommes sont enterrés à Danjoutin, 2 officiers et 50 hommes sont blessés.
Du coté prussiens, 1 officier et 19 hommes sont tués, 2 officiers et 73 hommes blessés.
Les blessés sont soignés dans la maison MILLET et les habitations à proximité.
La perte de Danjoutin est catastrophique pour les défenseurs de Belfort, elle ouvre aux prussiens la voie vers les derniers obstacles : les forts des perches et Pérouse.
La perte de Danjoutin a fait une vive polémique après la guerre.
8-14 janvier 1871
Dans la journée du 8 janvier, après la prise de Danjoutin, le moral de la population et de la garnison est au plus bas. Toutefois l’annonce de l’arrivée de l’armée de secours du général Bourbaki (3) avec 120 000 à 150 000 hommes redonne de l’espoir.
Après avoir reconnu la ligne renforcée de la Lizaine, le général VON WERDER a décidé d’attaquer en ce point l’armée de secours. La force totale des troupes disponibles est d’environ 43 000 hommes.
15-17 janvier 1871
Le 15 janvier l’attaque générale a lieu.
Le général BOURBAKI continue ses attaques le 16 janvier, il veut percer le front de la ligne allemande (prussienne) entre Hericourt et Busserel.
Le général VON WERDER est forcé de repousser, à lui seul jusqu’au 18 janvier les attaques des Français. Malgré cela les prussiens sont vainqueurs.
La tentative de BOURBAKI a complètement échoué. Le général attribue ses revers au choix de la bonne position défensive des prussiens et à la manière judicieuse dont elle a été renforcée. Il ajoute ensuite que ses troupes ont énormément souffert, épuisées d’une part par les marches, les bivouacs, la neige et le froid et d’autre part par l’approvisionnement catastrophique en vivres et munitions retardé en raison du mauvais état des chemins et de la configuration du terrain.
Quoiqu’il en soit la conduite de l’armée de secours pendant les journées de bataille mérite les plus grands éloges (avis du général prussien).
Les prussiens perdent, du 15 au 18 janvier, 81 officiers et 1847 hommes ; les pertes françaises sont évaluées de 8 000 à 10 000 hommes.
Nota : Le général Bourbaki étant malade, il avait demandé à plusieurs reprise à être remplacé : demandes toujours refusées par le gouvernement. Le général était remplacé après son départ vers la Suisse et après une tentative de suicide.
18 janvier 1871
Après le retraite de l’armée de l’est commandée par le général BOURBAKI (3), le régiment du général VON WERDER vient renforcer l’armée du siège.
20-21 janvier 1871
La prise du village de Pérouse a lieu dans la nuit du 20 au 21 janvier.
D’après l’état justificatif du 21 janvier la force de corps de siège en combattants est de 24156 hommes et 965 chevaux. 2 887 hommes sont malades. L’auteur de la « Défense de Belfort » porte avec exagération cette force à 80 000 hommes.
Le lieutenant général VON TRESCKOW a l’intention de faire ouvrir la 1ère parallèle dans la nuit du 21 au 22 janvier. Il veut aussi s’emparer de la forêt au sud de Pérouse, du village de Pérouse et des bois environnants et en faire des points d’appui pour l’aile droite de la 1ère parallèle.
21-25 janvier 1871
Ouverture de la 1ère parallèle dans la nuit du 21 au 22 janvier. Se référer au plan du siège pour les détails.
La température est de -8° dans la nuit du 23 au 24 janvier.
L’extension de cette tranchée est très pénible, le sol est gelé sur 35 cm de profondeur et la nature du sol est rocheuse ; il faut pour faire sauter le roc beaucoup plus de temps qu’on l’a cru, des étincelles jaillissent de tous côtés. Au soir de 25 janvier, les 2 400 hommes ont réussi à creuser la parallèle et les tranchées atteignent généralement 1,05 m de largeur et 1m de profondeur
Une nouvelle députation suisse de Porrentruy arrive au quartier général sollicitant la faveur de pouvoir évacuer de Belfort, les vieillards, les femmes et les enfants. Mais e raison des mauvais traitements commis à Montbéliard par les troupes françaises sur des blessés et des morts prussiens, le général VON TRESCKOW refuse.
26-27 janvier 1871
L’attaque régulière contre les forts des Perches continue.
Les attaquants travaillent à ce moment devant la place sans discontinuer, à étendre et à compléter la 1ère parallèle, mais ainsi qu’il est dit précédemment le temps et la nature du sol ne favorisent nullement ces travaux.
Les forts des Perches lancent des projectiles pleins et des bombes vers le terrain sur lequel s’exécutent les travaux.
D’après les dires des déserteurs, la garnison des Hautes Perches est composée de 400 hommes et celle des Basses Perches de 300 hommes. Les troupes sont prêtes à capituler et les ouvrages de la défense surtout des fossés ont déjà beaucoup souffert de tir de l’artillerie prussienne.
Les prisonniers et les déserteurs indiquent que le fossé principal de chacun des ouvrages a en moyenne 6 m de largeur et 3 m de profondeur, que la gorge du fort des Basses Perches est précédée d’un fossé de 3 m de largeur et autant de profondeur. Il n’existe pas de mines et les fossés ne sont pas palissadés mais taillés verticalement dans le roc.
Les Prussiens sont aussi suffisamment renseignés sur l’état des ouvrages, grâce aux indications de l’ordre de construction du général DOUTRELANCE en date du 17 juillet 1870.qu’ils ont trouvé dans les archives du génie de Strasbourg. Les parapets ont 4 m de hauteur et 4 m d’épaisseur et les fossés 3 m de profondeur et 4 m de largeur. Le long du fossé de gorge sont construits des blockhaus pouvant renfermer 100 hommes par ouvrage.
Voir Figure suivante pour une maquette du fort.
Le général VON TRESCKOW est d’avis qu’une attaque peut réussir. Il éviterait de cette manière un travail de quatre jours de tranchées. Il donne l’ordre de faire les préparatifs nécessaires pour cette attaque.
L’assaut est donné contre les forts des Perches dans la nuit du 26 au 27 janvier.
L’assaut se solde par un échec et les commandants donnent l’ordre de se replier vers la tranchée du chemin de fer.
Les ouvrages de fortification quoique étant assez faibles, ont tenu bon : ils ont moins souffert qu’on ne l’a cru et ils ont été défendus avec beaucoup d’énergie.
Les pertes côté prussien sont considérable : 9 officiers et 423 hommes, soit 23 % de l’effectif.
Le 27 janvier, à midi, un officier français demande et obtient que le feu contre les forts des Perches soit suspendu pendant 2 heures afin de procéder à l’inhumation des morts qui gisent à proximité des forts.
Le nombre restreint des troupes que le général VON TRESCKOW a à sa disposition ne lui permet pas de renouveler l’assaut les nuits suivantes.Il ne peut continuer les travaux contre les forts et construire des batteries dans les parallèles pour augmenter la destruction des ouvrages.
29-30 janvier 1871
Dans la nuit du 29 au 30 janvier, les approches continuent. Les tranchées ont en moyenne 1 m de profondeur et 1 m de largeur.
Dans la journée du 30 janvier, les tranchées sont élargies, mais les dimensions réglementaires de 2 m de largeur et de 1,25 de profondeur ne sont pas atteintes partout.
La deuxième parallèle et les approches sont creusées en moyenne, dans la nuit, d’une profondeur de 1m10 et d’une largeur de 1m30 et on fait sauter par la mine les parties de roc qui ont résisté à l’action des outils. La construction des approches fait des progrès rapides. En cinq nuits l’ennemi a avancé de 400 m en avant des Hautes Perches, les Prussiens espèrent donc atteindre en peu de temps le bord extérieur du fossé des ouvrages.
31 janvier 1871
Il est installé une batterie de 4 mortiers de 28 cm à proximité du passage à niveau à Danjoutin. Objectif : bombarder le fort des Basses Perches.
1er-8 février 1871
L’attaque des Prussiens continue jusqu’aux fossés des forts.
Leur travail devient très pénible. Les 20 bataillons qui s’y trouvent sont exposées aux plus grandes fatigues. Le repos au quartier ne dure jamais plus de 20 heures. Les soldats sont logés par douzaine dans de petites chambres. dépourvues souvent de feu et d’ustensiles de cuisine. Le nombre de malades augmente dans une proportion inquiétante.
Le repos en quartier est si court que les troupes n’ont pas le temps de sécher leurs vêtements ni leurs chaussures ; elles doivent retourner aux tranchés et y rester de garde pendant 12 heures plongées dans l’eau et la boue.
En raison de la nature défavorable du sol, les tranchées n’ont, à certains points, que des dimensions insignifiantes.
Le temps a été jusqu’ici assez favorable à l’exécution des travaux, mais le 2 février le thermomètre pas de -3 à +2°, le dégel s’ensuit et l’eau provenant des masses de neige ne peut entrer dans le sol durci et vient inonder les tranchées.
A cause des pluies continuelles et de la fonte rapide des neiges, la masse d’eau est devenue si considérable en certains points que le passage à travers les tranchées est devenue impossible et qu’il faut passer à travers champs.
Dans la nuit du 2 au 3 février les travaux d’approche ne peuvent être continués à cause de la violence de feu français.
Le 3 février, quatre nouvelle batteries prussiennes ouvrent le feu.
La fin de la guerre franco-prussienne se déroule aux Perches dans des conditions épouvantables.
Passage de l’armée de BOURBAKI avec 87 000 hommes et 12 000 chevaux en Suisse entre le 1er et le 4 février.
La nouvelle de capitulation de Paris et de la suspension des armes pour le reste de la France à l’exception des départements situés au Sud-Est, sont connus dans la place au début février.
Confirmée de plusieurs côtés cette nouvelle provoque un découragement parmi les troupes de la garnison française.
Le colonel DENFERT-ROCHEREAU (6) se voit forcer d’envoyer le 4 février au général VON TRESCKOW une lettre dans laquelle il dit que, dans l’intérêt de l’humanité, il désire connaître les événements qui se sont passés en France ces derniers jours. Il le prie de vouloir bien autoriser le capitaine CHATEL à traverser les lignes prussiennes pour se rendre à Bâle. Le départ du capitaine accompagné d’un officier a lieu le 5 février.
D’après les dires des déserteurs accourant du fort des Hautes Perches à Pérouse par groupes de 8 à 10, la garnison doit comprendre encore 300 à 400 hommes, renforcée le soir par un détachement d’égale force ; celle du fort des Basses Perches doit être moindre et se tenir en partie dans les tranchées-abris dépendant de cet ouvrage.
dans la nuit du 4 au 5 février, on aperçoit des attelages dans le fort des Hautes Perches et l’on croit que ce dernier reçoit un renfort d’armement On apprendra plus tard que le colonel avait donné l’ordre de commencer l’évacuation du matériel pour empêcher qu’il ne tombe entre les mains de l’ennemi au moment de la prise du fort.
6 février 1871
Abandon des deux forts des Perches par le colonel sur les insistances du capitaine Edouard THIERS (4) qui considérait les forts intenables.
8 février 1871
Prise des forts des Basses Perches et des Hautes Perches
Le 8 février, le feu des Perches cesse presque complètement et les travaux d’approche peuvent continuer sur une grande étendu.
Dans l’après-midi un capitaine avec un lieutenant et quelques pionniers avancent jusqu’aux fossés du fort qui ont 2,50 m de profondeur et 4 m de largeur et dont les escarpes (parois des fossés) sont taillées verticalement. Ils sautent dans les fossés et escaladent le rempart.
Le fort parait inoccupé. En fouillant les traverses-abris du fort les pionniers aperçoivent dans l’une d’elles un officier et une vingtaine d’hommes assis tranquillement, occupés à faire la soupe. C’est la seule garnison du fort. L’officier s’enfuit avec la moitié des hommes, le reste est fait prisonnier.
Le 8 février au soir, le colonel DENFERT-ROCHEREAU (6) ayant appris par les journaux qu’un armistice a été conclu et que la place de Belfort en a été exclue, demande la suspension des hostilités jusqu’au retour du capitaine CHATEL
La demande est refusée par le général VON TRESCKOW.
9 au 15 février 1871
Le 9 février, les travaux commencés par les Prussiens dans les forts des Perches sont continués et la tranchée de raccordement entre les deux ouvrages est élargie. Sur les hauteurs, la 3ème parallèle, située entre les deux forts, 7 nouvelle batteries sont construites pour bombarder le château.
Nota : la dureté du sol favorise les travaux de mise en batterie mais les canons s’enfoncent encore malgré la gelée; Chaque bouche à feu est trainée en moyenne par 10 chevaux et une cinquantaine d’hommes.
Le 12 février, le général VON MOLTKE autorise le général VON TRESCKOW à accepter la reddition de la place si le colonel DENFERT-ROCHEREAU ne pose pas d’autres conditions que la libre sortie de la garnison avec les honneurs de la guerre.
Le général VON TRESCKOW répond que, depuis le 13 février, 60 bouches à feu ont été mises en batteries sur les hauteurs des Perches et demande un délai de 48 heures avant de soumettre ces propositions au commandant de Belfort.
Le général VON TRESCKOW a l’intention de faire ouvrir le feu des batteries des Perches le 14 février, mais avant il veut tenter une dernière démarche pour obtenir du colonel la reddition de la place. Il envoie donc le 13 février au colonel DENFERT-ROCHEREAU une lettre précisant qu’il a fait ralentir le le feu dans l’attente du retour du capitaine CHATEL. Le général prussien ne demande pas une réponse immédiat mais indique qu’il attendra 12 heures avant de recommencer une attaque renforcée.
Nota : l’objectif du général VON TRESCKOW était la reddition de la place, un objectif qu’il n’a donc pas atteint. Belfort a capitulé après l’armistice avec les honneurs de la guerre.
Après le départ de la lettre, le jour même, DENFERT-ROCHEREAU reçoit un télégramme du chancelier VON BISMARCK l’informant que le gouvernement français lui a envoyé un télégramme autorisant le commandant de Belfort à consentir à la reddition de la place.
Le colonel n’est pas disposé à livrer la place aux conditions mentionnées et désire recevoir directement ses ordres du gouvernement français.
Le 15 février le colonel reçoit l’annonce du retour du capitaine CHATEL. Le même jour, avant l’arrivée du capitaine, le colonel fait savoir à l’état-major prussien qu’il a reçu de son gouvernement la confirmation du contenu de la dépêche de CHATEL et qu’il est prêt à traiter la reddition de la place.
Remarque :
La mission de longue durée du capitaine CHATEL et les instructions gouvernementales pour le colonel par l’intermédiaire des autorités allemandes montrent un problème de communication côté français. Une partie du gouvernement avait quitté Paris pour Tours et puis Bordeaux.
La convention relative à la reddition de la place de Belfort est conclue à Pérouse le 16 février à 16 heures.
17-18 février 1871
La garnison française sous la responsabilité du colonel Denfert-Rochereau quitte Belfort pour Grenoble et l’armée prussienne prend possession de la ville.
21 février 1871
Un plan de mise en état de défense de la place de Belfort est fait au quartier général prussien à Bourogne par le général VON MERTENS.
28 février 1871
Signature des préliminaires de paix à Paris.
10 mars 1871
La fin de la carrière du colonel Denfert-Rochereau s’arrête à Grenoble où il reçoit un ordre de mise en non-activité pour « suppression d’emploi ». Il décide alors de reprendre une carrière politique.
10 mai 1871
La signature du traité de Francfort met fin à la guerre de 1870.
Remarque :
La guerre franco-prussienne a eu des conséquences catastrophiques pour la France par contre aussi des suites positives pour Belfort et sa région ; un développement industriel et une prospérité après la venue de l’industrie alsacienne.
(1) Suite au déplacement de la frontière avec l’Allemagne après le traité de Francfort, le général SERE DE RIVIERES a revu la fortification de la place et l’a adapté à l’évolution de l’artillerie. La distance entre les forts et les distances par rapport à la citadelle ont été augmentées. Les deux forts des Perches qui avaient rendu de bons services pendant le siège ont été retenus mais reconstruits entre 1874 et 1877 par le général SERE DE RIVIERES.
(2) Les parallèles – Source Association Vauban
une parallèle est une tranchée bordée d’un parapet avec banquette. La parapet est la partie supérieure d’un rempart qui couvre les soldats et par-dessus ils, font feu; Dans les sièges et dans la fortification passagère, le parapet n’est plus souvent formé par une simple levée de terre. La banquette fait partie de la tranchée située immédiatement derrière la parapet et d’où les soldats font feu sur l’ennemi.
Une des innovations majeures de l’attaque d’une place expérimentée par le génie Vauban aux sièges de Maastricht en 1673 et Besançon en 1674. Le système était déjà mis en oeuvre par les Turcs au siège de Candie en Crète en 1669.
(3) L’armée de l’Est commandée par le général BOURBAKI a été constituée dans le but de libérer Belfort. BOURBAKI a réussi à faire reculer l’armée prussienne commandée par le général VON WERDER, à proximité de Belfort, où la population, pleine d’espoir, pouvait entendre le bruit des bombardements. Le 17 janvier BOURBAKI repousse une attaque surprise des Prussiens, puis le 18 janvier donne l’ordre de retraite. Ainsi s’évanouit l’espoir de libération de Belfort. C’est avec des troupes renforcées et du matériel supplémentaire du commandant VON WERDER que le général VON TRESCKOW a pu intensifier le siège des fortifications Belfortaines.
(4) Le capitaine Edouard THIERS surnommé « Le lion de Bellevue » était un des fidèles officiers qui avait une certaine influence sur les décisions du colonel. D’après le journal, la prise rapide de décisions n’était pas un des points forts du Colonel.
(5) L’Amicale du Fort des Basses Perches comprend quelques bénévoles qui se rassemblent tous jeudis matin depuis 2002 pour l’entretien des espaces verts et dégager la vue sur le fort depuis le ville et de l’autoroute ainsi que la vue sur la ville et les sommets vosgiens.
Les principales activités de l’Amicale :
- Petits travaux de maçonnerie
- Entretien des espaces verts à l’intérieur et à l’extérieur du fort
- Accueil des visiteurs
- Animations lors des journées du patrimoine
- Suivi des travaux de rénovation
- Recherches aux archives militaires à Vincennes et archives locales
(6) Le colonel Denfert-Rochereau 1823-1878 reste largement un inconnu illustre. La mémoire honteuse de la terrible défaite de 1871 aurait pu, par contraste, mettre à l’honneur le défenseur de Belfort. Justement son héroïsme appuyait par trop l’incurie de la France militaire. Il fallut attendre le 12 novembre 1920 pour que, au lendemain d’une autre guerre couronnée cette fois d’une victoire et la récupération des Provinces perdues, la République honore le colonel en décidant que son nom soit inscrit au Panthéon.
Estimation de la, Force du Corps de Siège (prussiens / allemands) au 31 décembre 1871
- Infanterie 28 000 hommes
- Cavalerie 1 050 chevaux
- Artillerie de siège 36 bouches à feu, 5 670 hommes
- Pionniers 1 200 hommes
Total 35 290 hommes et 1 050 chevaux – un effectif dans la dernière période de siège un peu plus fort que le double des forces de l’assiégé.
Etat de la place au jour de l’investissement
A partir du 3 novembre, la place de Belfort est réduite à ses propres ressources et ne peut plus attendre de secours de l’extérieur. A cette époque la garnison est composée de 17 332 hommes et 370 officiers.
Nombre de projectiles tirés contre la place : environ 100 000.
Le nombre annoncé par le colonel était environ 5 fois plus important.
A la fin du siège les pertes côté prussiens sont de 32 officiers et 4 713 hommes et côte français de 86 officiers et 2 038 hommes. 337 civils ont été tués.
Références :
- Le siège de Belfort en 1870-1871 par Paul Wolff, ouvrage traduit de l’allemand
- Le journal du Siège édité et imprimé au Tonneau d’Or ( Le journal a été réédité quelques années après le siège ne comprenant plus la censure du colonel.)
- Extraits de trois documents allemands d’un bibliothèque de Cologne
- Sources internet
FIN
Edité par L’Amicale du Fort des Basses Perches en 2005, mise à jour en 2011, enregistré internet mars 2016.
Remerciements :
o Aide précieuse de M. Rilliot – Président de la Société Belfortaine d’Emulation.
o Aide du personnel des archives du département de Belfort, des archives militaires de Vincennes et de la bibliothèque nationale de Paris.
o Texte relu et corrigé par Mme Vernier.